Je n’ai plus rien écrit depuis deux jours.
Je me trouve embarquée tous les soirs ans dans des parties de belote effrénées. Je rentre donc dans ma chambre assez tard et je n’ai alors plus trop de courage pour vous narrez mes journées sportives.
J’ai donc un peu de retard quand aux récits de mes dernières rencontres.
Je vous avais parlé d’un xénophobe notoire. Depuis notre première rencontre, nous avons continué à échanger ou plutôt à confronter nos idées politiques ainsi que nos pensées sur certains personnages historiques tel Hitler, Mussolini, Pétain...
Ce Monsieur, contrairement à beaucoup de ses congénères, s’avère être cultivé et vraisemblablement passionné d’histoire.
Il n’y a strictement aucune chance pour que nous tombions d’accord sur le fond et sans doute encore moins sur la forme, mais la discussion n’est pas inintéressante.
Ce soir, le voilà qui nous raconte des arnaques en tous genres, il faut bien avouer, que certaines choses sont extrêmement choquantes, et, hélas, il n’y a et aura toujours un certain nombre de personnes qui profiteront du système.
Mais là où les choses sont plutôt amusantes, c ‘est que ce brave monsieur aux idées parfois très arrêtées, s’avère être un faux « Dupont la joie» et le voilà qui nous raconte un certain nombre d’histoires où il se fait avoir sur toutes les longueurs simplement parce qu’il a bon cœur. Une infirmière, ici, lui expliquant que son fils est malade lui soutire 1500 € ; un jeune homme élevé par une mère aux mœurs un tantinet légères cherche à s’en sortir, il lui prête de quoi prendre le train ; une connaissance n’a plus de logement, il lui prête un studio, l‘autorise à manger les boîtes de conserve qui s’y trouvent, lui recommande de faire attention au lieu, aux vins qu’il stocke là ; etc.…
L’infirmière lui doit encore une grosse partie de la somme quelques années plus tard ; le jeune homme lui promet de lui rembourser ce qui lui a prêté ; et la connaissance lui vole tout ce qui se trouve dans le studio et lui rend dans un état lamentable.
Il nous raconte qu’il a roulé sa bosse et cela semble être une évidence, qu’il est conscient et rodé à toutes les arnaques pouvant exister. Et pourtant, il sait il se fera toujours avoir lorsque quelqu’un se présentera à lui dans le besoin, parce qu’il ne saura pas lui refuser.
Et le petit homme au discours raciste devient tout d’un coup un homme au cœur gros qui ne fait aucune différence entre Arabes, noirs, blancs …dans les faits alors qu’il fait montre dans les dires d‘une certaine férocité et une vindicte généralisée envers tout ce qui n’est pas blanc.
Étonnant bonhomme au paradoxe difficile à saisir, je l’écoute, je réagis, bien entendu, et je finis par me demander s’il joue un rôle, s’il en rajoute, s’il s’amuse, ou si toutes ses histoires dont il fut le dindon l’ont rendu bien plus méchant qu’il ne l’est réellement.
J’en viens à oublier le discours raciste, et à essayer d’aller au-delà, chercher ce qu’il semble cacher au premier abord.
Une chose est sûre, l’homme est bien plus complexe qu’il n’y paraît et, parfois, il n’est pas vain de creuser un peu pour aller chercher derrière la carapace rugueuse un cœur pas aussi sec et petit qu’on pourrait s’y attendre.
Cette rencontre est finalement étonnante. Et moi la dépressive optimiste suis confirmée dans l’idée qu’en tout humain, quel qu’il soit, il y a toujours, mais vraiment toujours, une part de bien, une part de bon. Elle est parfois enfouie, cachée, masquée, mais si l’on s’en donne la peine, peut-être, est-il possible de la déterrer et la mettre en avant ?