Aujourd’hui, j’inaugure une nouvelle rubrique que j’appellerai « portrait ».
Quand je rencontrerai dans la vie une personne qui m’inspire quelques mots, je vous les livrerai ici, une sorte d’hommage aux autres au travers des mots.
J’entre dans un de ces nouveaux RER à deux étages, monte quelques marches, m’assois et la vois
Elle est assise, adossée au siège avec une parfaite droiture qui semble naturelle.
Une de ses mains est gantée. L’autre tient dans sa main une grande partition, pas une de celles que nous, simples amateurs de musique, pourrions lire, non une très grande où les notes emplissent les portées avec la même frénésie que mes mots emplissent cette page blanche en l’instant.
La femme revêt un long manteau noir. Sous un léger pull d’un rouge déjà fané, un de ces rouges qui se veut certes couleur mais sans ostentation aucune, j’aperçois un chemisier d’une blancheur immaculée.
Autour de son cou s’enroule un foulard noir en tissu léger, pas en soie, il ne miroite pas dans l’éclairage blafard du wagon.
Elle porte des bas noirs et des souliers vernis à bas talons carrés, ils brillent d’une propreté étincelante.
Elle lit la musique, ses yeux sont presque fermés, concentrés sur la lecture des notes savantes.
Elle lève soudain son visage et ferme posément sa partition, l’envoie rejoindre toutes les autres dans un cabas noir.
Elle se lève, se rajuste, enfile élégamment l’autre gant noir, regroupe tous ses sacs et en place un dans le dos.
Le sac de sport contraste étonnamment avec le classicisme de sa tenue.
Elle lève les yeux au ciel, enlève le gant droit, fouille dans la poche de son long manteau noir et en ressort son ticket de métro, renfile son gant.
Elle monte les quelques marches du wagon
Sous le manteau, elle porte une longue jupe noire, légèrement fendue de chaque coté à l’arrière.
Je n’ai à aucun moment croisé son regard.
Mais une chose est très surprenante. J’aurais supposé ses longs cheveux tirés en arrière en un chignon très sage, je les aurais bien vus contraints et disciplinés.
Mais contre toute attente, cette instrumentiste d’orchestre, ou cette choriste laisse sa tignasse folle, , grise, noire et blanche, aux cheveux très crépus et volages jouer les sauvages autour de sa tête.
A t’elle oublié de coiffer ses cheveux ce matin ou était ce sa revanche sur le look vieillot et d’un autre âge qui lui est imposé ?
Elle seule détient la réponse ……..