Le Slam
Par méconnaissance sans doute, Le Slam pour moi, c'était « grand corps malade », un jeune poète qui dit son mal-être.
Je voyais le slameur déclamer a cappella, improvisant. Je l'imaginais parlant en rimes et l'enviais sans doute d'avoir cette capacité, cette facilité de les déclamer à rythme soutenu.
Nous sommes le premier mardi du mois, à l'entrepôt, à Paris.
La salle est très conviviale, le public d'âge plutôt mûr.
L'homme au micro a des airs de titi gouailleur, tout droit venu de Ménilmontant, il harangue le spectateur avec une familiarité accueillante. La casquette dégringole sur le côté, la redingote est d'époque, la voix est forte.
Le slameur arrive enfin, une bonne quarantaine, , des papiers plein les mains, griffonnés un peu dans tous les sens. Sur une table derrière lui se tient un bric broc étonnant d'objets divers.
Nous voilà partis, pendant une heure, dans le royaume des mots. Il joue, le plus souvent drôlement, et son ton détaché, hésitant, donne à l'ensemble une maladresse délicieusement touchante.
Je l'imaginais habile « déclameur » de rimes, et le voilà se battant avec ses papiers, déchiffrant tant bien que mal ce qu'il a écrit un peu plus tôt.
Le public est d'abord plutôt décontenancé, il suit avec grand peine les mots qui s'enfuient de cette bouche gauche qui tente désespérément de déchiffrer ce que son œil voit.
Il s'ensuit une petite heure, hors du temps, indéfinissable, surréaliste. L'espace d'un instant, on pourrait être dans le beau Paris a joué « aux cadavres exquis » avec un slameur qui poétise.
Cet homme est touchant. Oui, il me touche, il place ses mots au bord de mon cœur, le berçant délicieusement tour à tour d'un sourire, d’une douce gaité, d'une tendre tristesse.
Les mots reprennent tout leur sens, ils existent puisqu'ils créent l'émotion.
À plusieurs reprises le slameur abandonne les mots pour se mettre au piano, un piano totalement désaccordé, où il joue SA musique, elle a cette même authenticité, comme si elle ne se voulait que la simplicité de l'instant présent.
Une tête d’ail devient des aulx ou des eaux ou peut être des os le temps de quelques mots.
Un jeune homme asiatique, accompagné par le pianiste improvisé, lit un long poème au refrain répétitif. Les mots sont tristes, son corps se recroqueville au fil de l'histoire.
Un autre jeune homme lance avec fougue un poème d'amour et me voilà suspendue à ses lèvres …
Je dois partir, mais la soirée continue...
Paris recèle de trésors, des petites perles peu connues qui permettent à tous de se nourrir de belles émotions, d'une culture simple et abordable.
Plus trivialement, deux grands verres de coca soit 7.50 euros et si le cœur vous en dit une petite pièce dans le chapeau...
L'entrepôt est un lieu pluriculturel, pour vous en convaincre, allez visiter leur site
Cinéma, lectures, conférences …
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L'entrepôt
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