Ecrire, écrire,
Poser les mots,
Poser les fardeaux,
Libérer l’âme
Vider les larmes
Ouvrir son cœur
Hurler sa peine
Écrire, écrire
Ces mots
Qui reviennent
Et à nouveau,
S’emboîtent
Écrire, écrire
Trahison
Poison
Mensonge
Qui ronge
Méchanceté
Cruauté
Écrire, écrire
Huit ans,
Huit ans à me battre contre une maladie quasi invisible.
Huit ans,
Huit ans à combattre le trop-plein d’émotions
Huit ans,
Huit ans à analyser, à chercher, à dépouiller
Huit ans,
Huit ans à croire, à vouloir, à essayer…
Alors que je me sens mieux
Alors que je passe une nuit à disserter sur le bonheur,
Il suffit de quelques mots adroitement aiguisés
Pour que le château de cartes
Toujours si fragile,
S’écroule avec brutalité
Et là
J’ai juste mal,
Je me sens trahie,
Trahie par ce que j’aime
En colère
Écrire, écrire
Hurler
que je suis
Ébranlée
Inondée
Cassée
Épuisée
Vidée
Écrire, écrire
que
Je hais cette maladie
Je hais ce mal sournois
Je hais cette faiblesse
Qui m’envahit avec force
Et me laisse à terre
Il me faut écrire
Il me faut dire
S’il le faut,
Il me faut crier
Me libérer
Hurler
Chasser les nuages
Chasser la noirceur
Ne pas les laisser m'envahir
Oublier
Glisser
Prendre du recul
Les larmes coulent
Indomptables
Ingérables
Il me faut raisonner
Penser à l’instant d’après
Prendre le pas
Ne pas les laisser me submerger
Ne pas les laisser me détruire.
Me battre,
Me battre encore et toujours
Contre cet ennemi invisible
Indicible
Ennemi intime
Qui bouffe de l’intérieur
Qui se nourrit du vide
Avide d’émotions
Je le hais
Réduite à l’impuissance
A terre
A terre
…
Wissous, le 2 Mars 2012
La dépression, c’est ça,
Ecrire sur le bonheur une grande partie de la nuit
Et le lendemain, sur quelques mots intentionnellement méchants,
Etre l’espace d’un instant totalement démunie.
Être envahie par une grande colère
ne pas savoir contre qui la retourner
Être tentée de la retourner contre soi pour ne blesser personne.
Je peux comprendre que vous ne compreniez pas.
Je ne suis même pas sûre qu’il y ait quelque chose à comprendre.
Ce que je sais par contre,
c’est tout ce que cela peut avoir de déstabilisant
au quotidien, à la longue
Pour moi, mais aussi pour mes proches.
Je ne peux pas grand-chose
contre cet envahissement inopportun d’émotions
Que je sais trop fortes, sans maîtrise,
Pourtant, il y a huit ans que je combats
A l’instant où je ressens cette terrible noirceur arriver
Je la reconnais,
je la sais dangereuse
Je sais qu’il me faut la chasser,
car la regarder en face,
J’en suis encore incapable.
Écrire, dès le début,
a été pour moi une sorte de délivrance, d’exutoire
Comme si, au fur et à mesure,
que les mots noircissent la page blanche
Je m’en libérai.
Ne vous inquiétez pas, ça ira…
J’en ai vu d’autres
Et j’en verrai d’autres
Ainsi va la vie
...