Alors que je regardais ce matin une vidéo que j’ai posté sur ce blog, l’envie m’est venue de la partager avec vous.
Il y avait bien longtemps que je n’étais pas revenue en ce lieu, non pas parce qu’il ne me plaît plus, mais tout simplement par manque d’organisation.; puisqu’il me faut bien admettre, qu’il s’agit bien plus d’un manque d’organisation que d’un manque de temps.
En revenant sur ce blog que j’ai déserté depuis des mois, j’ai vu que le 10 ou 11 personnes venaient tous les jours le consulter.
Je remercie ces personnes de leur obstinée fidélité.
J’ai également reçu des commentaires tout à fait charmants concernant ce retour impromptu et improvisé ...
En regardant la date, je me re-situe dans l’espace temps encline à un peu plus de recul.
Dans quelques jours, en effet, l’accident de vie, comme il me plait de le désigner à des inconnus, celui qui a provoqué un radical changement de vie, aura 9 ans.
Le 24 octobre, je me souviens de cette date, moi qui les oublie toutes, j’ai officiellement admis et dit : «je suis dans l’incapacité de continuer à porter ma vie telle qu’elle est aujourd’hui».
Prétendre que tout cela s’est fait dans l’allégresse et la simplicité serait mentir. Quand on s’est bâti l’image d’un être fort, on finit par en être aussi persuadé que son entourage.
Je me suis sentie seule, très seule face à une grande inconnue: la dépression et son lot d’angoisses, de peurs, allant jusqu’à une mélancolie dans laquelle on pense être à jamais enfermée. Tout est noir, sombre, indélébile, figé. Plus d’issue.
Tentative de suicide (appel au secours), hospitalisation, traitement, sommeil quasi permanent, angoisses, lutte, re tentative, re appel au secours, détresse des proches.
En se mettant en danger, on croit retourner son mal être contre soi, pensant les épargner, et pourtant, après , même des années après, ils vous disent enfin la violence de que vous leur avez fait subir.
Durant de longs mois, mon refuge fut les mots, chassé les maux par les mots. Ils m’ont permis une grande lucidité intellectuelle, même si , dans les faits, je l’ai combattue ne voulant pas l’entendre, avec la farouche obstination qui est mienne et que vous percevez.
Psy, -iatres, et -ogues, quelques très proches ont eu la merveilleuse patience de me laisser gérer le rythme de mes prises de conscience. J’ai souvent parlé de parcours initiatique, de re-naissance.
Une chose me frappe, cependant, alors que je réfléchis à tout ce temps passé à reconstruire, à rebâtir autrement, à repartir d’un champ de ruines, je ne sais toujours pas gérer le temps.
Je n’ai toujours pas réussi à donner à ma vie un rythme plus lent, plus fluide, j’enquille des journées de folie, suivies de journées vides, sans jamais chercher à obtenir un quelconque équilibre.
Alors que j’affirmais, il y a neuf ans, que je ne connaissais pas l’angoisse et que , de toute façon, je n’avais pas le temps d’en avoir: pas prévue au programme et le programme, croyez moi, il était bien chargé, je me rends compte, aujourd’hui, que je garde en moi cette propension au remplissage à outrance, dans un quotidien, pourtant, beaucoup plus exempt de contraintes.
Cependant, quand on a un jour touché du doigt cette si terrible mélancolie, on en garde un souvenir effarouché, qui devient une sorte de rempart de protection afin de ne jamais plus réunir toutes les conditions de vie qui y ménent, simple et efficace instinct de survie du dépressif qui, avec le temps, apprend à vivre avec sa maladie.
Il y a bel et bien un avant et un après, j’ai compris au fil des mois, des ans que plus jamais je ne serai celle d’avant. Une part de moi tente de s’en dédire alors que l’autre veut croire en une résurrection salvatrice.
Enfin voilà, j’avais juste envie de vous dire que globalement, je vais mieux, qu’il y a une grande fragilité latente que je ne gère pas encore toujours bien, mais j’apprends, petit à petit, sans pression, sans coup de pied au cul (ceux là, je les refuse, estimant qu’après tout, il est de mon privilège de malade de m’en préserver, (nan mais dites donc koi !)).
Je gère mes hauts et mes bas, pas nécessairement avec une grande sagesse mais cependant avec de plus en plus de prudence et essayant de m’éviter le plus possible ces mises en danger que je me suis si longtemps infligées me pensant porteuse d’une forme de toute puissance, non pas sur les autres, je vous rassure, quoique ..., mais en tous cas sur moi même.
Et aujourd’hui, alors que je fais un inventaire un peu fouillis de ces 9 années, je ne remercierai jamais assez certains d’entre vous qui ont su lire au delà des mots et qui ont trouvé ceux justes qui sont à jamais gravés dans mon coeur ...
Merci à vous , il y a tant de beauté dans la simplicité d’une amitié qui prend vie ...
j'ai aimé écrire, à nouveau ....