Mon anglais commençait à s’étoffer. Je m’étais liée d’amitié au cours avec notre professeur qui n’était guère plus âgée que nous.
Elle se dénommait miss Kathleen Macleod.
C’était une petite brune à la peau très blanche, un teint de porcelaine servait d’écrin à un regard gris perle. Ses yeux étaient vifs comme l’éclair.
Je crois que nous sommes devenues proches dès son premier cours
J’ai immédiatement aimé sa vivacité, l’énergie pleine de belles promesses qu’elle donnait à sa vie.
Sans doute ai-je reconnu cet attachement quasi viscéral aux sentiments, aux ressentis, à l’affect, nous l’avions en commun, cela ne faisait nul doute.
J’avais parlé aux sœurs de cette amitié naissante.
Je conviai, donc, miss Macleod au couvent afin de la leur présenter.
Le courant passa assez facilement avec mère Thérèse, pourtant méfiante.
Kathleen affichait un mélange subtil de joie de vivre et de sérieux qui lui valut d’entrée de jeu la confiance des sœurs.
La mère m’autorisa, exceptionnellement à passer un dimanche après midi à Londres sous l’expresse réserve que miss Macleod m’y accompagne.
Rendez vous était pris pour le dimanche suivant.
J’étais très excitée. Jusqu’alors je n’avais presque rien vu de cette ville si vaste, si mystérieuse à mes yeux encore enfants.
J’allais enfin découvrir les merveilles que mon esprit fantasque avait imaginées. Je voulais tout voir, tout découvrir, me nourrir de cette ville. Je pourrais enfin vagabonder libre (ou presque) dans cet univers qui allait s’offrir à moi, un beau dimanche de septembre 1938.